dimanche 15 août 2010

Samedi,19 avril 2008
MAL DE MÈRE

 
 
Hubert Reeves croit aussi fermement à l' " importance pédagogique et civilisatrice de l'astronomie dans l'éducation ", à laquelle il faut être attentif, d'autant plus que "notre présence ici et aujourd'hui est liée à un ensemble de phénomènes dans lesquels tout le cosmos est impliqué. C'est notre généalogie que l'astronomie aujourd'hui nous révèle". L'humanité doit en prendre conscience, répète-t-il depuis plusieurs années. Nous qui sommes "une espèce éminemment périssable" qui s'acharne à détruire son milieu de vie.

Je n'aurai pas le temps 
Hubert Reeves
Éditions du Seuil



Il y a environ 2 semaines, mon fils Jeffrey a eu le plaisir d'assister à une conférence de M. Reeves à l'Université Laval, il était venu parler aux étudiants des trous noirs...Docteur en Physique, M. Reeves n'est ni plus ni moins comme une sorte d'idole pour mon fils, lui qui bûche très fort ces jours-ci avec son collègue à compléter " la plus pire de ces fins de session à date ". Depuis leur retour en classe en janvier ils vivent au rythme du Chaos sans toutefois en avoir provoquer à leur entourage ;-). Ils ne comptent plus les heures qu'ils mettent dans ce qui comptera pour 60 % de leur note finale. C'est toujours impressionnant pour la mère que je suis de voir aller la fibre optique de son fils instruit dans tout ce beau dédale scientifique.

En tant que néophyte suprême pour tout ce qui est sciences physiques et mathématiques, je dois avouer que c'est comme du chinois (ou du russe) pour moi que de lire toutes ces formules et schémas qui accompagnent les mots de leurs textes plus ou moins faciles à comprendre. Moi qui ai la tâche non ingrate de les réviser à l’occasion, je trouve toujours une beauté dans l’œuvre qu'ils composent, comme une sorte de poésie mathématique qui accompagne les graphiques et les formules longues comme le bras. Mais je sais bien, pour être de ce " simple commun des mortels " que je ne suis pas la seule à ne pas comprendre. Et puis ce matin, ces quelques mots de M. Reeves dans le Devoir qui viennent démystifier la passion qui anime l'intelligence de mon fils:
 
Étudiant au collège Jean-de-Brébeuf, établissement alors intensément catholique, il se passionne pour les mathématiques. Le déclic survient lorsqu'il doit trouver à quelle distance placer deux lentilles dans un télescope pour discerner les astres avec netteté. " Le fait qu'une simple formule algébrique puisse nous donner le mode d'emploi pour accomplir un tel exploit provoqua en moi comme un sentiment de vertige. Je n'en revenais pas. Et d'ailleurs, je n'en suis jamais revenu."

Tout est dans ces mots je pense, et rien de plus. Comme j'étais entrain d'écrire cette note, Jeffrey s'est pointé, il a vu l'image que j'avais insérée et il m'a appris qu' Edward Lorenz, le " père de l'effet papillon " était décédé cette semaine...Rien n'arrive jamais pour rien...


Edward Norton Lorenz est un scientifique américain né le 23 mai 1917 à West Hartford, dans le Connecticut, décédé le 16 avril 2008 à Cambridge (MA).

Travaillant comme météorologue au Massachusetts Institute of Technology, il découvre par hasard, en 1963, que l'on peut obtenir un comportement chaotique avec seulement trois variables, soit un système non linéaire à trois degrés de liberté. Il montre ainsi qu'une dynamique très complexe peut apparaître dans un système formellement très simple. L'appréhension des rapports du simple et du complexe s'en trouve profondément bouleversée. En particulier, on s'aperçoit que la complexité peut être intrinsèque à un système, alors que jusque-là on la rapportait plutôt à un caractère extrinsèque, accidentel, lié à une multitude de causes.

Le Monde






Ça m'a fait penser que j'ai un bouquin à lire de M. Reeves, Mal de terre, un livre que j'a reçu d'Alain en cadeau d'anniversaire il y a un peu plus d'un an...Je m’assoirai un beau jour d'été dans mon parterre, ou dans mon salon un jour de pluie, pour flyer un petit peu plus haut, au milieu des artères du Grand Chaos...




Dimanche, 20 avril 2008
SON D’AVERSE



Cette voix qui ressemble au bruit d'une averse ou d'une chute d'eau


la sensibilité de l'oreille humaine
remplie de vibrations mécaniques;
comme une suite de compressions
et de raréfactions de l'air:
le phénomène ondulatoire,
l'amalgame des fréquences,
le timbre particulier de
la voix de chacun...
(et la tienne)...
les bruits parasites
les bruits de fond:
fatras d'ondes
indiscernables,
chaos sonore
de tes pêle-mêle
dans mes environs
chhh caractéristique
de nos bruits blancs
(nom inspiré par l'optique)
le blanc charismatique
dans toutes tes couleurs
atmosphériques...
le néant de neige
qui se désagrège
dans le grisonnant
du noir qui se fusionne
et absorbe le beige...
chhh...
c'est le bruit blanc...
qui se dépêche

L
-
L

20 avril
2008
en pleine pleine lune



Lundi, 21 avril 2008
LE TEMPS DES BOUFFONS






La vengeance du Hop-Frog

James Enser

1897




À l'époque où se passe cette histoire, les bouffons de profession n'étaient pas tout à fait passés de mode à la cour. Quelques-unes des grandes puissances continentales gardaient encore leurs fous; c'étaient des malheureux, bariolés, ornés de bonnets à sonnettes, et qui devaient être toujours prêts à livrer, à la minute, des bons mots subtils, en échange des miettes qui tombaient de la table royale.

Edgar Allan Poe
Hop-Frog
Nouvelles histoires
extraordinaires



Le temps d'un bouffon, le temps d'un carafon, et hop ! le petit Hop-Frog devenu héros de Poe. Le Roi et ses sept ministres, déguisés en orangs-outangs atroces, par sa main et son intelligence ne furent plus que de simples torches. Mais où êtes-vous donc allés vous cacher, toi et ton amie Tripetta ? Dans les limbes oblongues d'un paradis boiteux rempli de nains gothiques ou au cœur d'une pénombre arctique qui éclaire nos déclins américaniques ? Peut-être n'êtes-vous simplement jamais revenus de cette histoire sobrement lumineuse. Les flammes brûlent encore par ici, mes chers amis, les flammes importée de vos cœurs éteints...



Mardi, 22 avril 2008
VERRE DE TERRE




Les prodiges de la liberté

Entre les dents d'un piège
La patte d'un renard blanc
Et du sang sur la neige
Le sang du renard blanc
Et des traces sur la neige
Les traces du renard blanc
Qui s'enfuit sur trois pattes
Dans le soleil couchant
Avec entre les dents
Un lièvre encore vivant


Jacques Prévert
Histoires



En ce jour vert de terre, en plein chant impérial d'un oiseau migrateur, le sang royal d'un lièvre chaud qui coule entre les dents d'un rêveur...Des arbres décapités de nos forêts boréales aux lueurs sourdes de nos cités montréal, les mots du Poète Évanoui, ses mots de fureur affaiblie...

Ses mots de trop, rejetés dans le ruisseau mais repêchés dans le canal; ceux-là qui sont bien mal enterrés sous les froides dalles d'un terrain ombragé; ceux-là en moins de deux qui ont péri noyés dans les eaux sales. Il existe au fond là-bas, dans une forêt de lapins géants, une moyenne tribu de petits hommes qui vivent en corps et sans fin; des hommes qui se délectent du jus des femmes, des chars et du vin. Mais ils ne savent pas pour combien de temps encore, car autour d'eux, dans les champs vidés de Laverdeur, on entend le chant fantôme de leurs enfants morts de faim et de peur. On entend également celui du bruit ravageur que font leur beaux moteurs; ceux-là qui filent à toute allure aux grandes pompes les soirs de grande noirceur, ceux-là qui encore hier s'emplissaient le ventre du maïs de la honte...

Je suis inquiète pour demain, car qui sait de quoi ces hommes-là nourriront leurs engins ? De pain, de lait ? De bière, de vin ? Des contes de ma mère l'Oye ou encore des fibres d'une moquette couleur de son vert caca ? Mais les ventres, ceux-là qui sont toujours trop bien remplis, finissent quand même par pourrir eux aussi... " dans le petit creux que creuse l'Oubli ".


" Un mauvais rêve me hantait: celui d'un enfant que je tenais dans mes bras et qui disparaissait pour ne laisser qu'un vêtement mouillé. Mais, au matin, j'ai eu ce rêve merveilleux, que je n'avais fait qu'une fois auparavant: j'avais une voix chantée magnifique et pouvais exprimer la moindre de mes pensées au travers de notes de musique. "

A.C. Andersen
Journal, 29 août 1874


Mangez sur l'herbe
Dépêchez-vous
Un jour ou l'autre
l'herbe mangera sur vous.


Jacques Prévert
Fatras




Mercredi, 23 avril 2008
AU PAYS DES ÉOLIENNES
 

AMITIÉ: Relation entre deux et/ou plusieurs individus reposant d’abord sur une admiration réciproque, pour ensuite se reconfirmer par la dépréciation mutuelle. Angl. Blastingbashing friendship.



C'est la définition du mot amitié que j'ai pu trouvée sur le site de La Conspiration dépressionniste, un site qui m'a quelque peu désimpressionnée... ;-)


La journée ne fait que commencer, faudrait pas venir me la dé-constitutionnaliser ;-)...J'ai quelques probables jeunes futurs scientifiques à rencontrer cet après-midi au C.E.G.E.P de Limoilou; des jeunes qui ont fait le choix de s'orienter dans un secteur d'études pas toujours facile et compréhensible pour le commun des mortels, mais qui feront tout en leur possible pour nous rendre cette journée admissible dans le pays de leurs rêves, ce même si l'expérience qu'ils envisagent de nous démontrer aujourd'hui le plus parfaitement possible, rate sa cible. Ici comme ailleurs, rien ne sera vraiment jamais facile, que ce soit pour les "dépressionnistes " ou pour les autres, plus ou moins optimistes...

Le vert écolo: certainement la couleur la plus populaire au Collège aujourd'hui... Ai vu, pour ne pas dire presque goûté, à différents bio-carburants. Celui fait d'huile de canola serait le plus performant, d'après les tests que les étudiants ont fait. Celui que j'ai préféré le plus: celui-là fait d'huile de patates frites...Du vrai recyclé. Comme ça, on a un peu moins l'impression qu'on ne coupe pas les vivres aux affamés de ce monde dévasté. Reste que ça pollue autant. Et ces ampoules qui sauvent de l'énergie, il ne faut pas les jeter n'importe où: le mercure qu'elles contiennent est très dangereux...La maison anti-Hydro, la pompe de chaleur, les bûches écologiques, les éoliennes marines, les produits du terroir, etc..etc., il y en avait assez pour se faire toute une petite révolution...

Bla-bla-bla, que le temps a vite passé. Cette visite m'aura une fois de plus appris que: SI on s'y mettait vraiment, bah ! y'aurait peut-être moins de changements...climatiques...En sortant du CEGEP, il y avait cet espèce de vent frondeur qui m'a fait penser qu'en avril il ne fallait surtout pas se découvrir d'un seul fil. Je me suis dit que nous étions certainement dans le plusse beau pays d'éoliennes du monde, (et des sourires)...;-)

N.B. Les smileys, ;-) ;-) c'est pour ne pas paraître trop " suffisante "...;-)




Jeudi, 24 avril 2008
LE PRÉLUDE DE ROBERT LALONDE


Iotékha' (Il brûle), dans ma cour;
Mourir pour toi, dans l'autobus;
James Joyce/VBL, dans le salon;
et dans la chambre à coucher,
un roman-(savon)-(à n'en plus finir)...


Et Le Soleil, les circulaires, les comptes,
dans la cuisine;
les blogues, les spams, les rats qui ruminent,
dans ma caverne.

Que de lecture...que de mots...
Que de factures...que de héros...
(De trop ?)

Et ce soleil dans ce vent ?

Et le chant de ces merles amoureux?

Iothéka', ou la livraison d'une âme...
Robert Lalonde, un grand auteur,
au sens propre comme au figuré;
un conteur, un acteur et un capteur....
de rêves...
réels....

et bien évidemment....bien en vie...d'amant...

Et demain, d'autres mots.
(Que les siens).
Ceux que j'aurai surlignés, (en fluo),
ceux que j'aurai remarqués, (un luxe)
les plus beaux et les plus chauds...
aux abois et en sursaut,
en silence et aux assauts...

à mes fenêtres
à son berceau...au cœur du Lièvre,
au milieu de sa sève...




Jeudi, 24 avril 2008
110 %

 
 
Au Québec, c'est le mot tuque qui sert le plus souvent à désigner le bonnet de laine que l'on porte en hiver. D'où l'expression courante : attache ta tuque, qui signifie: tiens-toi bien, ça va secouer ou encore attache ta tuque avec de la broche qui signifie: accroche-toi, ça va vraiment secouer. 

(wikipedia)


Nuit qui me délivre des raisons des salons des sophismes, des pirouettes des prétextes, des haines calculées des carnages humanisés. Nuit qui fond toutes mes contradictions, toutes contradictions dans l'unité première de ta négritude.

Léopold Sédar Senghor
académicien sénégalais


Sur les chemises trouées de la solitude,
le regard médusé de la multitude;
Dans les cheveux couettés de la négritude,
une tuque tricotée par l'Hibernitude.

Le souvenir euphorique d'une enfandolescence déjouée en avril,
le but d'assurance autour d'un cœur fébrile.
Les héros ne sont peut-être plus les mêmes,
mais leur sang coule encore à flot vers le milieu de la game...

Il est toujours heureux de pouvoir encore se souvenir de ces moments précieux...



Samedi, 26 avril 2008
(en attendant le souper)




Cuisine Larousse

 

Un homme arrose son banc de neige,
c'est qu'il a tellement hâte à l'été.
Un autre pose encore des pièges,
c'est qu'il a souvent très hâte de manger...
Mais l'automne, c'est si vite arrivé...
(Les mots, comme les hommes: c'est faits pour être....manipulés)
+((Fermer la session))




Lundi, 28 avril 2008
SOIRÉE CANADIENNE: 37 À 0

 
 
Hommage aux porteurs de la tradition...canadienne.

Quand les Habitants...dansaient...et faisaient de la musique...

Nostalgie au village ce soir...Je me souviens de tous ces samedis soirs, à Notre-Dame-de-la-Merci, où, assis par terre dans le petit salon de Mémère et Pépère Charette, nous regardions, par talle de 4, mes 37 cousins cousines et moi, le minuscule écran de télévision noir et blanc qui nous projetait les images réjouies des gigueurs et musiciens, conteurs et raconteux des villages exceptionnellement cantonnés dans le studio/village de Louis Bilodeau....Le temps d'une paix, le temps d'un arrêt ...C'est pas qu'on aimait particulièrement cette émission-là, mais nous respections le choix de nos aînés, et demeurions bien sagement cordés et ordonnés devant le minuscule écran. Ça se passait presque tout le temps avant que ne commence LA game de hockey. On aimait bien la voix de Louis Bilodeau, mais nous préférions, et de loin, celle de René Lecavalier et de Lionel Duval...;-)

Ce soir, donc, Mélancolie/Tristesse/Spleen/Cafard/Regret/Amertume/Ennui/Aspiration, des mots synonymes de Nostalgie, certes un peu gris, mais qui me ramèneront toujours à ces précieux feux de joie de mon enfandolescence, celle qui fût passablement encombrée de l'amitié de la consangcousinité. Toutes ces grandes soirées passées à jouer ensemble dans la grange, dans le bois, dans le chemin, ou dans nos sous-sols de banlieue, à s'inventer des adresses de clandestinité, à purger des punitions de faux prisonniers, à boire le cidre des pommiers défendus...Je me demande combien il reste vraiment de ces enfants-là par famille aujourd'hui pour s'amuser comme nous le faisions, mes cousin (e) s et moi. De nos jours, les nouvelles familles ne comptent plus guère qu'un, 2, 3, ou 4 petits-enfants au maximum; il y en aura donc plusieurs parmi eux qui n'auront jamais le loisir, et l'honneur, de faire quelques bons mauvais coups avec un cousin, ou une cousine de leur âge...

37 à 0...contre l'ennui...37 à 0...pour la Vie...

Nous étions 37 pour descendre au-delà de nos précipices, pour monter autour de nos échafauds, mais nous résistions...nous résistions...dans notre belle et innocente rébellion.


J'ai la nostalgie d'une de ces vieilles routes sinueuses et inhabitées qui mènent hors des villes... une route qui conduise aux confins de la terre... où l'esprit est libre...

Henry David Thoreau


N.B.: 987 émissions furent enregistrées et près de 1300 localités visitées. Le folkloriste Jean Collard fut un des réalisateurs de cette émission. Malheureusement, il ne reste plus aucune émission noir et blanc des années 1960. Il subsiste uniquement des émissions couleurs filmées entre 1972 et 1983. 

(wikipedia)





Il vaut mieux garder la nostalgie d'un paradis en le quittant
que de le transformer en enfer en y restant.


Jacques Ferron
Le Ciel de Québec


Jack a dit:

Je ne sais plus quand commença Jeunesse d'aujourd'hui, la concurrente criarde au "lipsing" du 10, les samedi à 19h00, à laquelle je me suis abonné avec ferveur en même temps que mes jeans bleu poudre et mes cheveux longs. Après les Beatles, après la mort de mon père en 1965. Mais avant le passage de mon village au canal 7 de Sherbrooke vers 1972. Toujours est-il que j'aimais beaucoup Soirée Canadienne. Beaucoup. J'aimais les standards de Bilodeau: le maire, le curé, les doyens; le film et la petite trotte dans le village; invariablement la ponctuation des giqueurs, parfois en duo, parfois c'était une femme, parfois des enfants; les quadrilles aux mille variantes, les madames sur leur 36 avec des peignures au spray net; la belle jeune fille debout, mystérieuse (avait-elle un chum?); les musiciens... Et en avant la musique! Mon kick était d'apprendre par cœur, sur le vif, au moins une chanson à répondre, jusque-là inconnue de moi, et de la "pratiquer" le lendemain, de la garder pour le prochain Jour de l'An, car, à une époque, ça chantait chez nous. "Derrière chez ma tante, il y a un p'tit moulin..." Comment tout ce collectif bigarré a-t-il pu s'évanouir sans pleurs? On dit que Philippe Bruneau, ce savant accordéoniste, n'a jamais accepté cette espèce de reniement (inconscient?) de la culture populaire d'ici alors qu'il espérait tant son essor avec la venue du P.Q., en 1976. À ma connaissance, les Brésiliens chantent encore ensemble, les Irlandais aussi...

The Swamp’s Song a dit:

Philippe Bruneau, que j'ai entendu récemment sur le Laissez-nous vous embrasser de ce cher Pélo, m'a fait justement repenser à toute cette époque de 1976: beaucoup de choses se sont volatilisées depuis cette bruyante époque yé-yé/ya-ya d'agha-doudoudou-dodu, mais un paquet d'autres sont demeurées bien enracinées dans la fibre de denim bleu poudre des jeunes pouilleux que nous étions, et que nous sommes encore...;-) Heureusement, vous êtes là aujourd'hui, pour me le rappeler, cher Jack.

Et toutes ces chansons à répondre que mes nombreux cousins et oncles nous beuglaient dans la petite cuisine au prélart magané de Mémère, ce sont probablement les plus beaux souvenirs de mes précieux rendez-vous avec eux chez " ma " Mémère, comme celle d'un certain " Jack "...;-) Chez Mémère, là où les fêtes, toutes les sortes de fêtes, avaient toujours un goût de revenez-y...Merci pour votre passage dans cette escapade du bon vieux temps...

P.S. Elle avait pas de chum, la belle jeune fille debout, mystérieuse, mais elle devait sûrement rêver qu'un jour elle rencontrerait un jeune joueur d'harmonica aux cheveux longs et aux jeans bleu poudre ;-)

Anonyme a dit: 

Errata sur les Philippe; correction: note du 2 mai.

Jack a dit:

J'en profite pour réparer au passage mes "gigueurs". Mais surtout ajouter que vos propos sont tiguidoux et, en cette fin de partie, ils aident à prendre la défaite par les deux cornes de la continuité. Merci à vous de me rejoindre si précisément.

Anonyme a dit:

J'ai la tête en gigue mais le cœur en fête, malgré la défaite, malgré les erreurs...;-) Merci pour vos passages aux fenêtres, ils sont toujours fort appréciés.



Mardi, 29 avril 2008
LE SPLEEN IDÉAL


 
Jeffrey et Tit-Boule
Photo: L.Langlois





Un enfant trouve un lapin abandonné, 

sa mère ne sera plus jamais endettée. 

Il faudra pendre le temps...pour le tuer.



Mardi, 29 avril 2008
LA VICTOIRE DE L’HUMOUR NOIR





Roman Tolici 
Bloody Victory



 

Victoire ! Elle lui a finalement passé la dague aux doigts !


(Réflexion)


On ne sait toujours pas ce que les hommes nous veulent,
mais on sait toujours pourquoi les femmes nous en veulent !

elquidam



Mercredi, 30 avril 2008
S’IL RESTE DU TEMPS

 
 
Le Temps s'est arrêté sous la glace. À nos pieds, l'heure H était arrivée. Heureusement qu'Il passait par là, le Temps, celui qui était venu pour la sauver...ou enfin, pour essayer de la sauver...

Pensée magique, étrange étrangeté, enseignement, poésie, nature, philosophie, environnement, musique, voyages, rencontres extraordinaires, souvenirs, émotions, rêves d'enfant... un témoignage, une réflexion, et la mémoire, celle d'un savant septuagénaire...qui a encore tué le temps...



Mercredi, 30 avril 2008
DES FRAGMENTÉS


 

 Gilles Villeneuve
Photo: Armand Trottier, La Presse



Le cœur de l'Habitant battait au ralenti,
n'avait pu réussir à s'échapper...tout seul.
Sa tuque se détricote, elle a mal à sa " laine ".
La situation est grave, mais pas encore désespérée.
Halte-là---Halte-là---Halte-là
Les Canadiens---Les Canadiens
Halte-là--- Halte-là--- Halte-là
Les Canadiens sont las...



Vendredi, 2 mai 2008
MA NORMANDIE  



 
L'abbaye escarpée, poussée là-bas, loin de terre, comme un manoir fantastique, stupéfiante comme un palais de rêve, invraisemblablement étrange et belle.

Guy de Maupassant



Retour en arrière, pour pouvoir continuer d'avancer...

Les recueils prennent souvent forme dans l'espace des rêves. Hier encore...


Elle marchait seule dans la côte du Palais, elle entra dans un réduit que Lui seul connaissait, c'est là que se terrait la nuit, Patron des Cagibis. Elle le reconnut, lui parla; il était ravi, mais muet. Elle lui demanda si Elle pouvait remiser son vélo pour quelques temps. Il acquiesça. Rien de spécial ne se passa dans cet endroit, rien qu'elle ne reconnaîtrait pas. Puis elle repartit seule, sans aucun bagage, pour prendre le car vers Rivière-du-Loup. Elle avait entendu l'écho d'un fleuve de mots crus et salés, une eau qui l'appelait depuis des années. On l'invitait à venir partager les restes d'une Grande Tablée. Mais le Rêve finit par finir au beau milieu d'un matin sans nom, et celui-là, même avant de commencer, était déjà programmé pour se terminer entre les mains du Clan Destin...

Hier soir, encore une fois, avant ce rêve-là, attablés pour fêter cet ami " qui ne nous veut que du bien ", non ce n'est pas Harry, c'est notre cher Alain...Nous étions vingt, et tout comme lui, nous avions faim, de petits pains, d'amour et d'amitié. Nous étions vingt avant demain pour boire de ce bon vin; nous étions vingt, c'était juste assez pour se parler de ce qui ne va pas bien, c'était juste assez pour rire de ce que pourrait être fait demain, pour s'en sauver...enfin...




DE PHILIPPE À PÉLO,
EN PASSANT PAR PLUME ET ROGER




À l’époque, la musique était devenue omniprésente, j’aimais ça en écouter! C’était mon activité principale, on tripait mon frère et moi, dans notre chambre, on écoutait du Led Zeppelin, et tout ces groupes-là. Puis arrive Dolores de Charlebois avec le violon de Philippe Gagnon qui m’a amené, avec le groupe The incredible string band, à la musique traditionelle. Y’a ça pichou avec Philippe Gagnon m’a beaucoup influencé. Avec sa " garouine " il arrivait dans les villages et il faisait son show. C’était un personnage de légende.

Yves Lambert


Pour corriger mon erreur, et faire une suite au commentaire reçu de Jack à propos de cette belle époque de notre jeunesse d'aujourd'hui, je me suis souvenu hier soir que ce n'était non pas Philippe Bruneau, accordéoniste, qui avait participé au LAISSEZ-NOUS VOUS EMBRASSER OÙ VOUS AVEZ MAL de Péloquin-Sauvageau en 1972, mais Philippe Gagnon, violonneux patenteux, qui a également joué avec Dominique Tremblay.


Tout ça pour encore une fois me ramener à l'inévitable Monsieur l'Indien. Je n'ai pas trouvé la version originale sur YouTube, mais celle de French B, qui l'a jouée live au Zest en 1996...THE GUITARISTE, " ou Duke, comme on le surnomme, s'appelle Roger Miron, il fait maintenant partie des Blue Seeds, et le claviériste/compositeur, Jean-Robert Bisaillon, est le gérant actuel de ces mêmes Blue Seeds. Il est également Ex Disappointed A Few people, Ex Red Shift, secrétaire de la SOPREF, président des Francouvertes, administrateur de Musicaction et MUTEK.

Mais là, je m'écarte un peu de la " track "....;-) (Retrouvé l'originale, la voici)







Jack a dit:

De toute évidence, je n'ai pas l'album sous la main et ça m'inquiète! Monsieur l'Indien a été refait en version CD. J'ai un cliché de l'album dans mon entrée sur le Train en date du 30/11/07. Quant à Gagnon, je ne savais pas qu'il pu avoir communiqué la démangeaison chez Lambert. Je saisis bien la profondeur de la piqûre, comment le flambeau se passe de l'un à l'autre avec les innéités propres de chacun. DJ à mes heures dans un pub étudiant - à l'Hôtel Windsor sur la Main à Granby, début 1970, aujourd'hui démoli, où nous pouvions accueillir les Caramels Mous pendant que danseuses et travestis, parfois même Melody Stuart, s'exécutaient dans l'autre aile de ce "trou" sympathique en déclin -, entre Femmes de rêve et Véronique Samson, j'ai fait tourner et tourner moi-même des centaines de fois sur Ça roule en Stanley'steel de Gagnon-Tremblay... Dans tous les cas, petit moments d'éternité.

Anonyme a dit:

En septembre 1980, au Kon Tiki, nous fêtions, mes frères et moi, les 25 ans de mariage de mes parents, et...qui ne vois-je-tu pas arrivé là avec une superbe escorte ? Le seul, et encore toujours aussi unique Claude Péloquin. Mais on ne dérange pas les gens impunément; je l'ai donc admiré de près, puis de loin, me retirant dans le resto, m'avalant un de ces drinks exotiques qui boucanent comme un volcan...Un autre petit moment d'éternité.









Samedi, 3 mai 2008
TERMINÉ
 
 
Les buts à atteindre sont maintenant choses du passé.
On ne s'apitoiera pas plus longtemps sur le mauvais sort.
Ne subsisteront plus par ici que quelques points nébuleux,
Éparpillés dans une autre galaxie, bien loin de chez nous.
«Qui perd gagne...Qui dort dîne...Qui ne dit mot consent.»




Dimanche, 4 mai 2008
LES GÉRANIUMS D’ALSACE, ÇA N’EXISTE PAS









Une revue féminine + Christine Brouillet + l'Alsace + la confiture de géraniums = eau à la bouche + recherche de recette sur le Web, mais pas facile à trouver. Tout en cherchant une, ai vu le nom de ROSHEIM, charmante ville d'Alsace où j'ai séjourné un certaine soir de septembre...Ça m'a aussitôt ramenée à Marie-Andrée Joerger, cette jeune et excellente accordéoniste native d'Obernai mais qui demeurait à Rosheim (prononcez Rossem) avec son père, Jean-Charles, notre si aimable hôte. En allant visiter son site sur MySpace.com, une belle surprise musicale m'attendait, la première pièce, Oblivion d'Astor Piazzolla, musique remplie de nostalgie, appropriée aux souvenirs reliés à ces jours mémorables des 15 et 16 septembre 2002...






dédié au TRAIN DE NUIT


***


...Superbe ! On va se choisir une chambre à ROSHEIM, une chambre très spacieuse. Nous allons dormir à quatre ce soir. Puis, nous allons au restaurant LA CROIX D’OR. Nous commandons deux TARTES FLAMBÉES. C’est succulent. C’est fait avec une pâte à pain que l’on recouvre d’oignons, de bacon émietté, et que l’on arrose de crème ! Un pur délice pour nos palais enchantés ! Pour dessert, nous goûtons à cet autre chef-d’œuvre culinaire qu’est la tarte flambée, mais aux pommes celle-là, et au…cognac !








Nous faisons alors la connaissance d’un gentil monsieur qui s’appelle…GÉRALD UTSCH. Il prenait un verre avec son copain. En plus d'être aimable, il est assez beau merci. Il répond à tous nos critères de beauté. Oups ! que dis-je ? À toutes…nos questions sur l’Alsace. En plus, il est déjà venu au Québec. Il prend alors l’adresse de Lise et Raymond, au cas où il aimerait y revenir. Nous prenons aussi celle de JEANNE ARNOLD, notre super serveuse qui donne tout un show lorsqu'elle sert aux tables. Elle est LE point d’attraction du resto ! On l’a trouvée vraiment hallucinante et VRAIE. Elle doit aller en Autriche pour un mariage ce week-end, c’est seulement à 300 kilomètres de Rosheim. On l’a tous adoré cette femme. Vraiment les Alsaciens, à date, ont notre cote ! ! On sort de là vers 10 :45 heures. Bourrés. On finit par rentrer à notre chambre. C’est dommage, il me semble qu’on serait restés là, à bavarder toute la nuit avec ces personnes tellement sympathiques…On aurait peut-être dû. Qui sait ? Lise filme notre belle grande chambre. Je n’ai toujours pas encore appelé à la maison. L. prend sa douche. Bon lit, bonne nuit, beaux rêves…

extrait du VOYAGE EN FRANCE
Louise L.




LUNDI, LE 16 SEPTEMBRE 2002

On s’éveille vers 8 heures. Très bien dormi. Allons déjeuner chez le proprio, M. JEAN-CHARLES JOERGER. D’une telle gentillesse ! Excellent déjeuner camembert, jambon, pommes, croissants, pain, confiture, chocolat chaud, jus. Miam ! Sa fille, Marie-Andrée, est accordéoniste et championne nationale de France de surcroît. Je la photographie et Lise la filme. Elle nous a joué un petit air de France; elle est très talentueuse. On se dit au revoir et l’on reprend cette fab-BULLEUSE ROUTE DES VINS. Il fait toujours aussi beau. Faisons plusieurs arrêts, notamment au DOMAINE EDELWEISS à CHÂTENOIS pour y goûter les vins de Hubert Blumstein. Nous en achetons quatre bouteilles: un Tokay, un crémant (champagne alsacien), un rosé et un autre blanc.

La vallée est magnifique. On jubile de voir autant de vignes et de raisins: du noir, du rouge, du bleu, du blanc...Nous en sélectionnons quelques grappes pour y goûter. Dionysiaque ! Puis se dirigeons vers RIBAUVILLÉ…Entre ça, j’ai enfin pu téléphoner aux enfants: il est 1:50 heures ici, donc 7:50 heures chez eux, à Beauport. Jeffrey est content, il va bien, il fait le lavage. Il va faire un show avec son band de garage, vendredi après-midi à son école. Je parle à Nelson, de sa couleuvre, elle va très bien, même en captivité; il ne s’ennuie pas trop de sa maman, tant mieux ! Ils vont être à l’aéroport samedi après-midi avec leur père. Martin, mon jeune frère, est supposé y être lui aussi. Hâte de les voir tous. Beaux bisous… et à bientôt…


***



À écouter toutes ces versions d'Oblivion, j'ai fini par oublier ma recette de confiture de géraniums; je pense que je ferais mieux d'écrire à Odile demain, elle qui demeure à Wangenbourg-Engenthal, elle doit sûrement en connaître une...mangeable.







Maison d'Odile et Bernard






Mardi, 6 mai 2008
NEIGES NOIRES

 
 
Il y a 50 ans que le peuple et les intellectuels sont séparés.
Il faut qu'ils ne fassent plus qu'un.

Jean-Paul Sartre


Les impressionnantes montagnes de neige noircie fondent lentement dans les différents dépôts à neige, mais les concentrations de matières toxiques que contiennent ces neiges usées inquiètent. TVA a fait réaliser une étude au laboratoire Maxam de Montréal. Des échantillons de neige ont été prélevés dans trois dépôts à neige différents, soit le dépôt Turcot à Montréal, le dépôt Champlain à Longueuil et le dépôt de Mascouche sur la rive nord. Première constatation: le dépôt Turcot est le plus contaminé. Les concentrations de plomb, d'hydrocarbures, d'huiles et de graisse dépassent de beaucoup celles des deux autres dépôts à neige.

LCN



RELIQUES DE L'HIVER 2007-2008

Le long de l'avenue d'Estimauville, Québec


La neige, encore elle, celle qui fond lentement avec ses poisons, dans sa crasse noire...Il n'en fallait pas plus pour que je ressorte du fond de mon armoire le bouquin d'Aquin pour y retracer tous ses mots plus ou moins dangereux, pour ici les retranscrire. Ils étaient là, offerts comme une pâture pour les vautours comme moi. Neige Noire, pour ne pas oublier de me souvenir de l'éclat d'un soleil de minuit dans la Norvège d'Hamlet et de Fortinbras, pour me rappeler d'une histoire de mariage contaminé, terminé avant la nuit de noce, pour filmer l'image d'une absence, pour développer le négatif d'un fantôme qu'on chérit...

Tous ces mots, incrustés dans les livres qui se ferment et s'ouvrent sans douleur, sans problème, tout au plus avec un petit craquement de l'épine, qui de plus ne voient rien parce qu'ils sont des objets aveugles comme leurs auteurs, tous ces mots cachés dans les abîmes de l'intellect froissé, ou simplement déposés sur le dessus chromé d'un dôme de crasse sélecte, extraits comme on extrairait le minerai précieux d'une mine oubliée au fin fond d'un pays de contes à miner, au bord d'une histoire de comptes à rebours....Les mots engloutis, repêchés dans le soleil de minuit...


hyperesthésique---éphélides----prodromes----minium----corporéité----chrominance---cyandrique---cinabre---hexamètre---compossibles---doriques---archéenne---fenestrelle---monadique---microlithes---garance---anthropométriques---substruction---excursus---prolepse---hanséatiques---caligarisme---glossulaire---appontement---nycthéméral---ponctiforme---turquine---glissandi---transept---remplage---arcature---épicontinentale---anticimes---contingence---scoriacées morainiques---lakiste---horatienne---palatine---césures---hippélaphe---plateresque---talweg---sommitales---l'ablauf---amphidromiques---transience frénatrice---dentrites---orphique---casaquin---gangue---invaginés---délite---irrumatio---achérontique---abruption---scaphoïde---crassiers---sédeste---courtines---fahlbende---gneiss---intaille---ballast---métonymies---hémostratique---irréfringente---hyaline---carpelle---nectaire---anaxyrides---intrusif---vélaire---euphémiser---péristaltique---névadé---spath---involucre vénusien---armille---morbidesse---schungite---concaténation---catulienne---insérende---moucharabieh---corrélat---introcision---manducation---asphodèles---plérôme---palingénésie---


UNE MERVEILLEUSE IMPATIENCE
LA NEIGE NOIRE DU SPITZBERGEN
LES MUSCLES DU CHAGRIN
LE MASQUE DE L'ABSENCE

LES CHAPITEAUX IMPOSSIBLES DE L'ÊTRE
LE CAUCHEMAR DE L'IMPRÉVISIBLE
LE MASQUE, VISAGE DE PURE CONVENANCE
L'IMMUNITÉ GÉNÉRALEMENT ACCORDÉE
AUX POÈMES HERMÉTIQUES

FINIR SUR LE PLAN D'UNE NAPPE DE NEIGE
QUI SOUDAIN SE TRANSFORME
EN UNE TEXTURE NOIRE VITRIFIÉE

LE TEMPS EST UNE VIERGE ENCEINTE
TOUT REPREND PARCE QUE TOUT FINIT
PERSONNE NE CONNAÎT PERSONNE,
DÉCIDÉMENT


Hubert Aquin
NEIGE NOIRE
1974







Demain, l'auteurite vous fusillera les mains.

Ensuite, elle vous fera manger votre prochain.
La neige noire des fontes obligatoires,
les restes d'un hiver à finir,
les restes d'un printemps à venir...
parce que VIVRE TUE,
parce que le livre est tu.


elquidam

6 mai 2008



Mardi, 6 mai 2008
LES RICHES AVENUES







Simplement parce que j'aime cette ville.
Seulement parce qu'elle rime avec fille.
Le mot ressemblant aux il me semble;
le mot descendant du temps en temps.

Dans la noirceur, un reste de cheminée.
Dans les lumières, un geste d'inachevé.
Dans la vieille ville, un peu sous la pluie,
un Homme regarde les nuages chavirer.

Dans la rue C., un inconnu à vous venu,
dans ses yeux, les plus riches avenues.
On ne devrait pas seulement le croiser,
on devrait aussi lui causer, et l'écouter.


pour Réal Malouin,
vagabond troubadour;
Réal qui a fait LE Choix.
(à lire pour la suite)



Mercredi, 7 mai 2008
CYAN MUR À MUR



L'été glacé passé dans les bleus lagons; une suite de hic (s) ! dus au réchauffement climatique de nos yeux ronds...Le noir étoilé des cieux sans fond peinturé dans les faux salons; le gel amoureux d'un ancien gueux glissant sur des planchers de savon. La danse des bleutés désespérés; leurs renforts accoudés au bar Be Blue...Le haut de leurs cœurs pavés de clous rouillés; les hommes ont poussé et passé à l'ombre de nous...


Cruelle Incognita a dit:

Be bleue(ed)
Jamais assez noir
All stay accoudée
À l'ombre
Des hauts trop perchés
Talon cassé
Des soirs encannaillés
Sur un tabouret anorexique
Lire des lignes blanches
All in / all over
magnig(hic!)fiques
L'été a passé
L'été m'a glacée
En un bleu lagon
Un long frisson


Anonyme a dit:

Résurrection blousée
des chemises échancrées;
Odeurs de lagon et de frissons
sur celles des roses effluvées;
bleu âtre pour feues.com
consacrées
mots perchés sur l'ombre
des lignes blanchies,
l'été, aura été hanté,
et aura si vite passé
sans tes accents gravés
BLOW OUT A-doré
de mots anti-déchirables
au centre d'une forêt
pavée de sons semi-malléables.


elquidamique



Vendredi, 9 mai 2008
CLAIR-OBSCUR

 

Rien de plus simple, ou de compliqué, que de se balancer sans ami sous le soleil d'un beau jour de mai...Mais aujourd'hui, ce sera la fête des cent souliers et de tous leurs va-nu-pieds; faudrait peut-être aller leur souhaiter un bon Happy peur D-Day...But don't worry, soldier, it's only the ninth of May, it's only the ninth of me...;-)



Vendredi, 9 mai 2008
LES BONNES RÉPONSES
 
 
Il arrive que nous soyons auprès de gens qui l'ignoraient...Il arrive qu'on leur écrit un soir, et il arrive qu'ils nous répondent un jour...Merci à vous cher Réal, pour ces mots sans détour, si respectueux. Il arrive que je les reproduise ici, sur ce blogue qui navigue dans le noir, mais qui très souvent étincelle certains soirs...;-)



BROUILLARD



L'oeuvre est de Benoît Genest-Rouillier, un jeune artiste de la région de Québec avec qui j'ai eu l'immense plaisir de converser lors de l'exposition Vincent et moi qui se tenait à la Biblothèque Etienne-Parent il doit bien y avoir un an et demi passé maintenant. Benoît qui vit dans son propre appartement, qui vit parmi nous, qui dégage un de ces rayons lorsqu'on lui parle de son art, de sa peinture. Benoît qui nous crie comment il est heureux, à ses heures...


http://www.benoitrouillier.com/

 
Jack a dit: 

Il arrive que les archives, petits bateaux agglutinés, se fassent détacher de leur cordes pour faire un nouveau tour dans le 'peri hermeneias'. Par les Pachelbel de mon épouvantail, je réponds: c't'un honneur, bien sûr.

The Swamp’s song a dit:

Il arrive que nous soyons comblés par un je-ne-sais-trop-quoi, qui n'arrive pas si souvent, mais juste à temps. À bord de votre Train de Nuit, y'a de super bons wagons-lits ;-); on y roule confortablement, mais parfois on y déboule aussi quelques étages, un peu comme une musique de Track n' Steel ;-)...C'est un superbe voyage que je fais à travers les mots peri hermeneaias de votre beau et grand pays sage. Merci encore pour votre Épouvantail, que j'ai exposé dans " mes fenêtres " ce matin.

Jack a dit:

Je corrige "leur corde"... À se faire "exposer" en dehors de chez soi, on se sent plus vivant, sinon plus vivace et rustique. L'Épouvantail a été lu à la radio par Michel Garneau, j'ai eu cette chance, mais j'ai manqué l'émission et n'en ai aucune trace. Merci de me faire passer par vos Fenêtres ouvertes où l'on trouve des paysages et des courants d'airs inspirants. Il faudra que je m'instruise pour Track'n Steel. Merci !

Bon! Puisque je n'ai rien trouvé sur Ton Tube avec "Track n ' Steel", je reviens à mon sentiment premier, car oui, je tiens à le dire, j'avais un tantinet pensé à "Ça roule avec les track ‘N steel".

The Swamp’s song a dit: 

On pourrait penser " dommage " pour ce passage oublié de votre Épouvantail à la radio, mais pensons plutôt " hommage ", puisque vos mots ont été lus par une autre voix " que la vôtre ". Il m'est arrivé un jour que M. Patrick Dion lise deux de mes textes dans son désormais défunt Mal de Blog, j'avoue que ça avait flatté quelques poils de mon pelage de bête sauvage. ;-) Et comme vous l'écrivez: " c't'un honneur, bien sûr. ". Mais certaines bêtes préfèrent demeurer dans l'ombre de leurs tanières ensoleillées, ils ont ainsi l'impression qu'ils profitent encore plus de LEUR lumière personnelle que de celle des flash/médias québécoROCK-ONroccocotionnels ;-) La Littérature, ici comme ailleurs, ça se passe aussi autrement, et même meilleur. Quand elle passe la muraille de nos peurs de les " exposer ", IL ARRIVE que nos mots sans malice aboutissent au bout de yeux complices. La Littérature, la grande comme la petite, celle qui nous a donné des miroirs, des lapins et des Alice... Certains commentaires sont parfois rédigés comme une note, ils en disent plus long que la note elle-même. La symphonie no. 513 s'achève ICI, dans un bruit blanc de radio fantôme, le long d'une track de mots illuminés de chrome, là où les habiles conducteurs de sujets et de verbes y sont purifiés à l'ozone.. CHH...

 
 
Mercredi, 14 mai 2008
LE RÈGNE VÉGÉTAL

 
 
Regarder pousser les fougères à l'ombre pendant que les pissenlits sortent au soleil. Rien de tel, ni de mieux, que la douce farniente de ce mois de mai déneigé. Faire le vide en faisant le plein de forces neuves pour l'été qui s'en vient, au lieu de gaspiller le salaire ____du quotidien. Il me manque un mot, je ne sais pas lequel; il finira par enlever son masque, avant que l'automne ne le fasse...En attendant, trouver un peu de temps pour ne rien faire. Il n'y a jamais rien de plus serein que d'attendre les heures les plus longues de l'année, celles qui arrivent en trombe vers la mi de juin, celles envéelbées dans le noir étoilé de mes 10 juin. L'Irlande s'agite, les mots palpitent; Joyce et Balzac jazzent en haut, dans le bleu du ciel amoureux d'une Cadillac blanche à grands ailerons lumineux......


Le Fou gère le Ciel mais lange l'Enfer...


Pour ma mère, qui est de 10 enfants à table et de janvier sous zéro;
Pour Elle qui a mis au monde mes frères, mes rêves et mes 33 ans...
Pour Elle qui est de lacs et de rivières, de roches et de poussières...
Pour Elle qui est revenue habiter la Forêt de son enfance,
Pour Elle qui est encore comme une toute jeune fille,
Pour Elle qui me donne le don de son énergie,
Pour Elle en qui je vis, ma mère, mon amie.
Parce que tous les bateaux s'en vont,
Parce qu'on reste tous au bout d'un quai,
Parce qu'entre la mer et l'eau douce,
il y avait toute une éternité... 

Merci à Jack, qui ce matin m'y a ramenée.
(J'étais prévue pour l'an 2000 ) ;-)



elquidam
le 11 de mai de 2008

Le plus beau voyage, celui des mots....
(parce que j'ai pas pu trouver Geneviève)


Jack a dit:

GENEVIÈVE paroles et musique: Claude Gauthier


Si la ville que je veux belle comme une femme
Si la ville a tes cheveux tes yeux tes lèvres
Alors je l'habiterai toujours comme je t'aime
Oh! Geneviève
Oh! Geneviève

Si la ville a quatre murs comme ceux de ta chambre
Si la ville a tes soleils tes fleurs tes grèves
Alors nous hivernerons quatre mille ans ensemble
Oh! Geneviève
Oh! Geneviève
Si...

Hier je courais le lièvre
Sur une île de genièvre
De gigues et de patois
Puis j'ai remonté le fleuve
En dessinant des trottoirs
D'asphalte(s) et d'amours neuves
J'ai remonté jusqu'à toi...

Si la ville que je veux belle comme une femme
Si la ville a tes cheveux tes yeux tes lèvres
Alors je l'habiterai toujours comme je t'aime
Oh! Geneviève
Oh! Geneviève
Toi.

Claude Gauthier (1967)

jd


The Swamp’ song a dit:

En 67, TOUT était beau...
surtout Claude et Geneviève. ;-)









Jeudi, 15 mai 2008
LE RÈGNE VÉGÉTAL 2
 
 
RIZ: trois lettres, comme dans le mot blé, mais entre ces deux nourritures fondamentales, il y a la distance de deux groupes de civilisations.

Michel Tournier
Extrait de Petites Proses


Si ça continue ainsi, et ça a l'air d'être bien parti, les occis/mentaux vont tout gaz pillé les champs de maïs de leur immonde entier, et notre ami mexicain/africain n'aura presque plus rien à se mettre sous ses belles dents blanches. Les américanindiens devront peut-être alors commencer à se desserrer la ceinture pour leur envoyer quelques grains de leur blé tendre. Et au lieu d'user leurs riches semelles ergonomiques sur les Chemins de Compostelle, pour améliorer leur vide spirituel, peut-être devraient-ils penser à remplir le vide croissant de la faim des lointaines petites gamelles.



Samedi, 17 mai 2008
LIMBES



L’Homme de Lumière.

Comment se vêtir de soleil ? Comment devenir solaire ? Le cœur de l’homme doit être orienté vers la Clarté. Tout homme est lumineux en son fond. La présence d’un Être de Lumière vous éclaire et vous illumine, non par lui-même, mais par l’éblouissante fulgurance qui le traverse. Il ne faut pas adorer sa personne, ce serait de l’idolâtrie. La vénération doit s’adresser à ce qui le traverse.

Marie-Magdeleine Davy



les protubérances
des froids filaments
envolées d'air doré

dans le sous-solaire
mal éclairé

un soir sur terre coincé
entre un jour à l'envers encré
et un voile planétaire
tapissé par les 10000 feux
de 10000 incendiaires
les accointances sérieuses
qui font les heures anxieuses
les limbes semi-précieuses
des enfants morts sans baptême
les limbes post-religieuses
des enfants morts sans je t'aime
les nimbes nuageuses
de la tête décoiffée
des saintes ombrageuses
leurs jambes mielleuses
brassées dans la Laveuse
leurs larmes de pleureuses
essorées dans la Sécheuse.
(...................) 


elquidam
 



 
Dimanche, 18 mai 2008
LUCERNAIRES  


 
Beauté des sombres réservoirs d'âmes mortes. Au fond d'une lueur faible mais vive, le lucernaire resté ouvert pour laisser passer l'air...et la lumière...Les catacombes. Une atmosphère embaumée de rites funéraires. Un espace retrouvé depuis les limbes d'avant-hier. Les puits souverainement ensevelis en dessous de vos chaumières...Un reste d'hiver.



Lundi, 19 mai 2008
LE 19 MAI 1968




Papa et Martin
bâtisseurs de petits et grands bonheurs
deux êtres d'exception
qui auront toujours une place de choix dans mon cœur 


Je me souviens...Il y a de cela quarante années, mon père revenait de l'hôpital, celui où ma mère venait d'accoucher de leur quatrième enfant, un garçon, un autre frère pour la grande sœur de onze ans que j'étais alors. Mai 1968, nous étions en plein tumulte. Il y avait des fleurs aux arbres, des pissenlits dans les parterres et de la joie dans notre chaumière. Ce que l'on pouvait avoir hâte de le voir ce bébé fraîchement sorti de la pouponnière encombrée. Ma mère, toujours aussi radieuse, avec dans ses bras, et non sur son sein (on n'allaitait pas tellement dans ce temps-là), ce petit être tout neuf, comme mon frère Denis. disait. Denis, comme son petit père, qui le " volait " et le cachait entre ses couvertures, et que ma mère avertissait. Quel plus beau cadeau pour moi et mes deux autres frères. Martin, né un 19, tout comme moi. C'était en mai 1968, mon père était à nouveau très heureux de me présenter mon troisième frère. S'il voyait où Martin est rendu aujourd'hui dans sa vie d'homme, puisque notre père nous a quittés à l'âge de 55 ans et que bébé en accusait 19 ans, je crois qu'il serait très fier de ses accomplissements en tant qu'être humain. Il ne remporte peut-être pas lui-même tous les trophées dans ces galas d'artistes, mais disons qu'il collabore largement à ce que ses humoureux en méritent. Mon frère, cet être rempli de l'enthousiasme le plus contagieux qui soit, celui que j'aime toujours autant, et un peu plus que lorsqu'il était bébé. Bon anniversaire à toi, mon jeune quadragénaire !

Louise, ta grande petite sœur





Denis, Martin, Raymond et Louise
1969





Mardi, 20 mai 2008
Le 20 MAI 1980



À partir des mots anglais, on cisèle même de beaux mots bien à nous, par exemple: le cantouque (levier à crochet dans les chantiers forestiers) vient de can't hook. Un bouscotte (personne trapue) vient de bush cut (buisson coupé)...




Mardi, le 20 mai 2008, lendemain de congé de la Fête des Patriotes, il y a 28 ans aujourd'hui nous étions le 20 mai 1980, on ne savait plus trop sur quel pied danser, les uns disaient OUI, les autres pensaient NON, les uns disaient NON mais pensaient peut-être que OUI. J'ai conservé le macaron que mon père m'avait acheté. Pour la forme et sa Pensée. Aujourd'hui, nous ne sommes plus des souches, mais des bush....cut. Heureusement que le bon Peuple sait comment encore en rire...juste pour rire...

Depuis le confort de ma non-indifférence, voici donc le NOël magique de Pierre " Cuba " Falardeau, interprété par François Morency (sans commandites)...Toto regarde par la fenêtre et les sapins n'ont pas vraiment besoin de boules !!






Jack a dit:

Paraphrasant un futur aéroport : "Votre non sera un oui pour le changement. Nous mettons nos sièges en jeux. Nous mettons notre tête sur le billot!"
Ah! Rhétor!


The Swamp’s song a dit:

OUI...PET ! C.P., C.C., C.H., C.R., M.A., LL.L., LL.D., et quoi encore ? Premier ministre ? Une belle histoire que celle de cet enfant de...Charles et Grace, qui aura croisé le regard brillant de Juliette, ma grand-mère paternelle, qui a travaillé dans le cabinet d'avocat du père. Le monde est parfois tellement...grand ! Un fait à noter: le père de PET a déjà été l'un des propriétaires du Parc Belmont. Mais on s'éloigne de la politique là, quoique ce soit tout un manège. Mais de quels sièges il parlait au juste le PET ? Des sièges de son cabinet...de toilette ? Et la tête sur le billot ? Il voulait sûrement dire: nous mettons VOS têtes su'l billot ! Excusez-le...encore une fois.



Vendredi, 23 mai 2008
DES AILERONS LUMINEUX

 
 
Le cinéma, c'est l'écriture moderne
dont l'encre est la lumière.


Jean Cocteau



Des figurants...d'êtres humains.
Des cygnes...

UN fleuve primitif.
UNE plume sur l'eau
Des yeux raton-laveur.
Toujours inquiets

Le pays d'UN récit.
Les sauts de l'Ange.
Pas de trapèze par soir de pleine lune.

Et pourquoi pas la Mort ?

Mais j'ai UNE histoire
et je vais continuer
à en avoir DEUX.

Les laveuses, les sécheuses.
La gare où la gare s'est arrêtée
par la mort de l'Engelhomme.
Le MUR.
Le SANG.
L'Ange qui dort mal.
TOUT ou RIEN...
MarionDamiel
CassielNick Cave
&The Bad
Seeds
+
Colombo
en prime,

package deal
pour un ciel
sans métro.

(Les meilleurs films sont souvent ceux-là
que vous n'aviez pas encore vus...)

LES AILES DU DÉSIR

Du sang rouge pur pour les poètes mûrs.
Un avenir sans fin pour LE poème fait film.
Une histoire de moyens géants
pour les nouveaux ancêtres.

N'avoir été solitaire qu'avec lui.
Mais QUI était QUI ?
Le Je suis ensemble avec
le Nous-Je qui tremble.

Il était une unique fois le temps qu'il sera.
Celui composé de Oh ! et de Ah !

La Roulotte de la Trapéziste,
là où je me suis faite embarquée
from here to eternity
Mais le temps était-il si peu sérieux ?
Trois anges passent...
;-)

 
 
Lundi, 26 mai 2008
EXCAVATIONS  


 
Depuis quatre mille ans il sombrait dans l'abîme, (...)
Seul et derrière lui dans les nuits éternelles,
Tombaient plus lentement les plumes de ses ailes..."


Victor Hugo



Ce matin, lecture des mots d'un blogue de paroles, mots extraits d'Harmonie d'un soir d'hiver qui me ramènent aux 20 ans de 1977...Parce que personne ici n'a écrit pour rien. Merci à vous, cher Jack, pour ce beau tour dans votre train bleu....
 
Depuis cette lecture, je sais que l'Ange des livres existe. C'est lui qui veille en sourdine à nous mettre sur la route de ce que nous cherchions sans toujours le savoir, sans réaliser que c'est cela même que nous désirions au plus haut point. C'est par la grâce de l'Ange que se mélangent souffle, braises et masques, tout ce qu'il faut pour que les ailes du désir effleurent la vie dans les livres.

Jacques Desmarais 
Train de Nuit
17 janvier 2008




Pour faire la suite, ces quelques mots sur Charles Duits. Et pour l'ensuite...ce Tournesol d'André Breton, poème dédié à Pierre Reverdy, un texte que j'ai copié-collé ;-) sur Internet, mais que j'ai dû corriger à partir de mon édition nrf, qui peut-être contient des erreurs elle aussi...

TOURNESOL

La voyageuse qui traverse les Halles à la tombée de l'été
Marchait sur la pointe des pieds
Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux
Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
Que seule a respiré la marraine de Dieu
Les torpeurs se déployaient comme la buée
Au Chien qui fume

Où venaient d'entrer le pour et le contre
La jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biais
Avais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtre
Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée
Le bal des innocents battait son plein
Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers
La dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont au Change
Rue Gît-le-Cœur les timbres n'étaient plus les mêmes
Les promesses des nuits étaient enfin tenues
Les pigeons voyageurs les baisers de secours
Se joignaient aux seins de la belle inconnue
Dardés sous le crêpe des significations parfaites
Une ferme prospérait en plein Paris
Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée
Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants
Des survenants qu'on sait plus dévoués que les revenants

Les uns comme cette femme ont l'air de nager
Et dans l'amour il entre un peu de leur substance
Elle les intériorise
Je ne suis le jouet d'aucune puissance sensorielle
Et pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendre
Un soir près la statue d'Etienne Marcel
M'a jeté un coup d’œil d'intelligence
André Breton a-t-il dit passe


André Breton
Clair de terre


N.B.: Clair de terre payé à l'époque, en 1977, 1,95 $...Tournesol était " encadré ", c'est donc qu'il était parmi mes préférés de ce recueil.
 
 
Anonyme a dit:

Par soir de caquet bas, je peux dire que ça fait du bien de se faire rappeler que quelqu'un peut se rappeler... L'Ange des livres, il travaille parfois au noir, parfois même dans le rouge... On peut donc être aussi mauvais lecteur, piètre auteur de sa vie... Sois dit sans une plume de moralisme. Merci pour la mémoire vive F.O. ou L.L ? 

jd


The Swamp’s Song a dit:

L'Ange des livres serait-il NOIR ? ;-)
 
Jack a dit:

Bien, sauf dans les apparitions style à la Vierge ou bien encore dans le Wenders si magnifique, c'est INVISIBLE, à ce que je sache, un ange. "Je ne vous vois pas, mais je sais que vous êtes là..." Celui des livres ne fait sans doute pas exception. Partant, n'en déplaise aux usagers des bibliothèques en commun, convaincus de tracer leur chemin comme des Maîtres, l'Ange ne serait ni rat-noir ni roi-nègre. Mais comme il est bien connu, même chez le jeune Nez lit gant, que les livres enivrent, il se pourrait, ma foi, qu'à force de souffler des mots parmi les braises, quelque chose de blue se forge en effet dans l'haleine... Pour ne pas prendre de chance, je dirais que l'Ange des livres est NOIR et BLANC mais laisse entendre, entre les lignes, que c'est le sang qui est exceptionnel.
 
Anonyme a dit:

Il me fait hautement plaisir, hautement sensoriel plutôt, de relire ici vos suites Tournesol, de saisir autrement la chute tournée vers le soleil que ramassa jadis au vol le jeune Duits: "André Breton a-t-il dit passe". Sans virgule. Sans point d'interrogation. Découlant du regard d'intelligence d'un GRILLON inventé comme faire se peut sur la route de la poësie (avec un tréma). Sur le fil des variantes qui va de l'excitation au recueillement, on pourrait dire qu'une chose n'est vraiment comprise que si elle est chaque fois comprise différemment. "Un texte n'est compris que s'il est toujours lu différemment." (Gadamer). Ou encore : " (...) on dit toujours un poème comme si c'était la première fois (...) Un poème est un texte dont la nouveauté augmente paradoxalement à chaque répétition." (Robert Melançon, Notes d'une poétique négative, Poésie et Politique - Mélanges offerts en hommage à Michel van Shendel, l'Hexagone, 2000).


 
 
Lundi, 26 mai 2008
LES TROMPETTES DE LA MORT
 

Blue Moon
 

L'amour. Écrit dans les livres. Écrit dans les films. Écrit dans les théâtres. Dès qu'un mot est dit d'une certaine façon l'amour existe. Il est écrit. On croit ça....
...je voulais connaître l'odeur de vos cheveux....


On part pour Montréal. La salle est pleine. Noire. Vous avez demandé qu'on cache toutes les lumières, même celles des issues de secours. Je veux le noir total, sinon, pas de film. Le noir intégral. Déjà le film commence avant qu'il ne soit commencé sur la pellicule noire. Le noir c'est une couleur....
et une musique, avec Art Blakey ant The Art Messengers:


On en finirait jamais avec cette rengaine, jamais ça ne cesse, comme une dernière cigarette avant de mourir, comme une dernière caresse de votre visage, comme si ce mot de l'éternité commençait là, dans ce geste, dans cette chanson chantée par vous et par moi. Comme si les mots avaient ce pouvoir: y croire, absolument. Comme si tout avait un sens, on ne sait pas bien lequel, et Blue Moon toujours, usé jusqu'à la corde, chanté dans le monde entier.  

***





Ciel de Normandie
Photo: L.Langlois
septembre 2002




Quelques extraits de Cet amour-là, de Yann Andréa, qui un jour a eu le privilège de partager les jours plus ou moins sombres de Marguerite Duras. Cet après-midi, pour la première fois, ai vu le film tiré de son " petit " livre. Réalisé par Josée Dayan, avec une trame sonore tout à fait adéquate, dont cet éternelle rengaine qu'est Blue Moon, cette rengaine amoureuse que mon père jouait si bien à ma mère, avec sa trompette de Blue Mooners, me fera toujours le même effet...papillon...Comme si ce mot de l'éternité commençait là, dans ce geste, avoir revu la mer de ma Normandie, avec ces hôtels de plage déserte, son ciel plat; avoir entendu à nouveau les notes lourdes de son calme durassien. Comme si toutes les histoires d'amour devaient probablement toutes se ressembler, mais ne jamais se terminer au même endroit; comme si toutes les heures mémorables de leurs sinueux parcours étaient venues séjourner dans le bas plafond de leur douleur, mais aussi dans le plus profond de leur douceur...

elquidam


 
 
Jeudi, 29 mai 2008
LE TOUT OU RIEN
 
 
 
Dans leur effarement, les gens se précipitèrent vers une issue trop étroite et s’y firent étouffer.

Wiktionnaire
 

 
1 ½ tasse de vieillard desséché
1 c. à soupe de blonde éméchée
1 verre de sang de cochon glacé
¼ de gallon de tentation hachée
1 soupçon de suspicion invétérée
1 enveloppe de mots instantanés
2 ou 3 onces d'ongles bien rongés
1 cœur malléable qui hait la pitié
1 restant de table bien tourmenté
+ quelques brindilles de solidarité.

Apporter ce Tout et Rien vers l’Ébullition.
Les faire cuire lentement à feux modérés.
Les laisser ensuite délibérément mijoter;
leur rébellion sera ainsi très bien alimentée.

elquidam

 


Jeudi, 29 mai 2008
DES ANGES TRÉPASSENT




Ce soir, la Musique, le Chef, l'Orchestre, le Chœur et l'âme de Ravel...Un concert de frissons pour le dernier concert de la saison. Des souhaits de bon été à Madame Bilodeau, mais juste un peu avant, un petit tour sur la rue Cartier, cette rue où j'aime tant flâner...Y ai rencontré A. le sculpteur galeriste, y ai cherché Réal, le joueur guitariste, et comme il n'y était pas, suis entrée chez le Confiseur, pour acheter des jujubes au gingembre, puis chez le Parfumeur, pour humer son drôle de rose, puis chez le Papetier, pour un nouveau carnet, rouge celui-là, pour finalement me cogner le nez chez le Bouquiniste qui ce soir affichait FERMÉ. Mais j'y retournerai, l'été ne fait que commencer...Tout juste...






avant que le concert commence 

quand tous les musiciens s'accordent...


extrait de Première rencontre

Françoise Hardy




Merci à maestro Yoav Talmi pour cette autre belle et grande saison musicale.
Et pour terminer cette charmante soirée, du Chagall entremêlé de Ravel: Daphnis et Chloé.  







 
Samedi, 31 mai 2008
CARREFOUR


Au cœur d'une cuisine le sang des concubines
Le Nous-Je à genoux, le JE au milieu du nous
Les salles d'observations, l’œil dans le buisson
L'acteur au cœur d'une vitrine
Le feu de son sang dans une carabine
L'Opéra danse avec les mots de la France
Le Jeu de la transe atlantique met le cap  
dans le Feu de la Confiance authentique
Au Carrefour des âmes de plastique
Attention ! nous n'aurons aucune arme
mais nous tirerons à bout portant
si vous tuez le Gendarme
IL SE PEUT QUE VOTRE CŒUR
COURT UN GRAND RISQUE:
CELUI D'AIMER...UN ARTISTE.
La Poésie est comme un nouveau nez:
Elle sent bon la mer de sang coagulé
Elle sent bon l'été enmarguerité 
Elle sent bon aussi le mal des supprimés.
Et des lieux abandonnés.
 
Claude E. Larousse
05 mai 2008
 
 
Anonyme a dit:

Tableau ! Ce poème debout nous fait joyeusement giguer de la tête aux pieds.
Jd

The Swamp’s Song a dit:

Écrit dans le cadre du Carrefour International de Théâtre. Inspiré par certaines de mes Issues. Fait pour éliminer certains de mes restes trop indigestes. Pour libérer. Pour abandonner.




Samedi, 31 mai 2008
RIMAYES

 
 
Rimaye: Crevasse profonde qui sépare parfois un glacier et ses parois rocheuses.

Nunatak: Pointe rocheuse isolée perçant la glace d'un islandis ou d'un glacier.



Le conte des enfants de Lir
http://www.contes-irlandais.com/enfants_lir.html



***


Ils virent des fenêtres éclairées dans la nuit noire et s'en approchèrent.
-- Dieu du ciel, s'exclama Stutfield. Dire que des gens habitent ici l'hiver entier, et tout ça pour ramasser quelques peaux de martres.


Elle apporte les chandelles
Et éclaire la chambre aux rideaux fermés
Elle hésite au seuil de la porte
Timide dans l'ombre du soir
Farouche comme un lapin,
Si douce et farouche,
Vers une île dans l'eau
Avec elle je m'enfuirai

William Butler Yeats







NÉVÉ

un voile rosé
des vagues gelées
un mur glacé
une bénédiction de la lumière
un cygne sur fond d'émail bleu...

les brumes du délire
un géant perdu
une conteuse d'histoire
des langues d'ours
deux visions
un Négro
 
un replat herbeux le long de la rivière
l'or de la solitude et du silence
l'humble allumette de Prométhée
un minuscule carré de lumière dorée
un feu de bivouac
des animaux transformés en livres
le son d'une musique muette
un quadrille silencieux
des claies de viandes séchées
un champ de glace
dans les volutes de son imagination
la froide lumière de la raison
une valse de Strauss
la chair rose d'un ours noir abattu
une issue au labyrinthe de ma folie
le recueillement de la roche et de la glace


MORAINE

à l'ouest du dominion
les mâchoires glacées de la mort
un saule qui pousse dans l'ouverture d'une fenêtre
l'amertume du citron
les appels des coyotes sur les pentes sombres
l'eau chaude, le vin et le fromage,
la promesse d'un lit douillet
une petite carte de bristol
le glacier d'un Cygne
la putain de Babylone
j'espère un corbeau 
charognard et opportuniste
nunatak
terra incognita
mémoire du soleil
une cité au cœur des glaces
une marmite suspendue
à trois perches de tremble
trois lapins dépouillés
une averse de cendres
sur les dernières braises

NUNATAK

constellations multicolores des lichens
rouge garance orange cadmium
le merveilleux jardin des signes
à l'ouest du dominion
Byrne et Elspeth
comme deux loups solitaires
un labyrinthe de sillons
des cercles
des flèches
des lignes de forces
témoin d'une mémoire communautaire
le lac idéal
le lac innommé et un mot qui murmure

FEU 

une place pour les poètes
des cygnes des enfants de Lir
des exilés enchantés
un froid lunaire
de la pierre fluide
de la mouillasse
des grondements sépulcraux
la trouée de la Miette

satellite brûlant d'un feu secret
L'ANGE DE NEIGE
flux pétrifié
mur de neige sale
une fée
sa magie
les contours de ce désert de glace désolé
un endroit maléfique une déception
un monde couronné d'une étendue désolée
les signes d'une métamorphose

ZONE D'ABLATION

tout ce qui est inhabituel...
une veine de verglas
un écho de pensées secrètes
un manteau de nuages
des tables de glace
une ombre amiboïde
une marque du temps
une lettre pliée dans le dos d'un carnet
de la lumière rose dans le couchant
des morceaux de vase...
communiquant...

FRONT

1919
un piano dans l'abîme
le fracas du bois brisé
le temps de l'innocence
Edith Wharton
Freya notre dame de glace
paysage fantomatique
mélange de boue
d'épaves métalliques
et de flaques rouge sombre
derrière la fenêtre
un ciel vert
des bribes de langage secret
des noms
des souvenirs d'enfance...
James Joyce
et son Ulysse
gros roman que personne ne comprend

Dans ce pays d'illusions
le till en contrebas
au milieu des fissures
des tourelles de boue gelée
et des rochers humides
des mares pleines d'eau grise immobile
en plein dedans
la ROUTE DU CIEL
sous le spectre de la lune
la pantoufle de Vénus
quelques chose de véritablement
extraordinaire...
une ombre impalpable

inspirée du magnifique CHAMP DE GLACE
de ce cher Thomas Wharton 
Rivages (poche)
Bibliothèque étrangère
traduit par Anne Damour

1er juin 2008


Les wagons qui transportaient l'or étaient blindés et gardés par des hommes en armes. Mais il arrivait souvent que les trains trop chargés, et même les rails, fussent engloutis dans les marécages.

P.78
 
 
 
Jeudi, 5 juin 2008
LA BELLE ENVOLÉE

 
 
---Je n'ai jamais entendu dire cela, jeune homme. C'est peut-être vrai, mais je n'en ai jamais entendu parler. Je vais l'inscrire dans mon journal. Un homme cultivé doit toujours tenir un journal. C'est un réceptacle très utile pour consigner toutes les connaissances qu'il ne possède pas encore mais qu'il gagnerait à acquérir. Comme vous pouvez le constater, le mien n'est pas bien épais. Il exhiba un petit calepin noir où il griffonna quelques lignes. Auriez-vous déjà été témoin d'une tornade par hasard ?

Monsieur Windsor à Miles

---Je sais ce que tu penses, reprit-il. Tu es en train de me demander comment on peut devenir obsédé à ce point d'une petite bête insignifiante comme le lapin, comment on finit en sac de nœuds à force d'essayer d'en venir à bout. Eh bien, on ne décide pas toujours de ce qui se met dans notre peau ou dans notre crâne, et je me dis que tu dois savoir ça mieux que personne.

O'Hare à Miles


***

Tom Gilling 
Miles et Isabel
ou La belle envolée
éditions Alto
traduction: Sophie Voillot


Moleskine: étoffe de coton avec un côté satin et un côté sergé.


Une naissance, c'est presque toujours un mercredi que ça se passe...une naissance...comme la fin de la lecture d'un roman inoubliable... Une petite fille avec des gants c'est toujours ravissant. Mais que dire de sa première envolée ?...l’œil fixé vers le large...à la gare de Redfern...un bout d'aile brisée et un amandier abîmé...pas de fenêtre en haut de l'escalier...le froid cruel de l'hiver et la chaleur insoutenable de l'été...l'odeur de l'or...déluré...des chapelets de rumeurs...alimentées....un pantalon de moleskine...le brevet des pontons coulants...l'héritage de Rembrandt....une poignée de pinceaux et des vieux vêtements...la petite magie domestique de Wolunsky...un lapin qu'il pouvait toujours sortir de sous sa cape au besoin...le carnet de Tobias Smith...un petit calepin noir....le cœur du vortex...violet (?) la " vis " à vent...la planosphore de Miles....dans le fond d'une valise... des fragments de roches colorées, deux noix d'eucalyptus, une plume d'un rouge lustré, et le ciel...d'Isabel....qui pouvait enfin partir en voyage...ses cheveux comme un nid de jabiru...dans une fenêtre sans barreaux...des choses surprenantes...comme une chasse aux lapins dans le Geelong...C'est O'Hare qui nous la raconte...les refus de crible...un ragoût de lapin...la céleste bissique-lette (c'est du grec)...la fille aux yeux verts assise dans un grand fauteuil près de la fenêtre...le piano du Dr Galbraith...l'ingénuité des manœuvres dilatoires....dompter la glycine...être élusif, plein de verve, en ébullition constante...Miles....le destin et sa poignée de possibilités...un plaisir confus...le figuier dont les racines envahissaient lentement le salon d'Isabel...dans le carnet un roman...dans le roman un carnet...et au-delà des marais salants, l'océan...et entre eux et cette mer, les amants...qui se perdent dans la brume...leurs ailes courbées qui fléchissent dans le vent...qui se gonflent de ciel blanc...deux traces sombres....une tache floue...c'était peut-être quelque chose...cette odeur âcre du collodion humide...

***

Les mots condensés, entassés dans leur sépulture de vent; voilà un autre roman d'achevé, il est maintenant temps d'en commencer un autre. Mais avant, merci à Monsieur Tom Gilling, qui m'a fait passer un très bon moment de lecture en compagnie de ses êtres volants. Merci également à Madame Sophie Voillot, traductrice par excellence chez Alto, qui dans ses mots nous rend si bien les histoires de ces romanciers dits étrangers. Il n'est jamais trop tard pour commencer à les lire, ceux-là qu'on avait un peu oubliés...Miles et Isabel, deux de ces dits étrangers, attendaient bien sagement depuis avril 2006, en haut de leur escalier, dans le rayon rosé, que je les prennent par la main, que je les emmène un peu plus loin que Sydney, afin qu'ils se promènent dans ma petite tête victorianisée...Je n'ai vraiment pas pu les " léviter "...




 

 ***


FIN des FENÊTRES OUVERTES NEUF
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